Ce mois-ci, les Total Oubliés ont 7 ans ! Pour les fêter dignement, j’ai bien sûr préparé ce nouveau volume composé de 24 nouveaux titres scrupuleusement sélectionnés depuis les 45 tours originaux. Outre le fait qu’il s’agit de raretés -et c’est de plus en plus vrai- il convient de préciser que la diffusion exsangue de ces enregistrements est inversement proportionnelle à leurs qualités, lesquelles sont multiples, plurielles et synergiques.
S’il est tentant d’intellectualiser les mécanismes complexes d’une bonne chanson, c’est lui ôter aussi cette part de magie qui, justement, lui confère sa légitimité. C’est aussi la réduire à un mode systémique qui ne peut en lui-même la définir : le principe, la recette ou le système étant parfaitement dichotomique avec la fulgurance qui est l’essence même de toute bonne chanson. Aussi, mes lacunes en musicologie, en rythme, en solfège, en harmonie m’empêchent d’analyser plus avant les morceaux présentés ici mais j’ai la paresse de penser que c’est précisément mon ignorance qui préserve mon instinct et ma capacité d’appréciation. Car la chanson est épidermique, synaptique, cathartique.
Le chanteur Yvan ouvre donc ce présent volume avec une chanson qui pourrait parfaitement servir de manifeste de la chanson populaire. Si tout y est léger, tout en elle est parfaitement ciselé. Le problème avec les interprètes à prénom -ou à double prénom- c’est qu’ils sont intraçables, à fortiori lorsqu’ils n’ont, comme cela semble être le cas avec Yvan, commis qu’un seul disque.
La discographie de Janet Woollacott se compose de trois 45 tours. Elle est surtout connue en tant que danseuse et « femme de » puisqu’elle a eu 4 maris célèbres. Le dernier fut Dominique Perrier qui est à l’origine de ce 45 tours. La petite histoire retiendra qu’elle fut la première -et d’ailleurs unique femme- de Claude François à qui elle préférera Gilbert Bécaud avec qui elle aura une fille.
Plusieurs titres incantatoires figurent sur ce volume : l’énigmatique Bob’Art derrière qui s’exprime le prolixe Jean-Pierre Massiera, Liette et François, un duo qui eut une fenêtre de célébrité au Canada et Les Enfants de Dieu que je me résous enfin à intégrer à la collection. C’est ma grand-mère maternelle qui m’avait offert mon premier 45 tours de ce groupe, j’avais alors 7 ans. Sa foi chrétienne et le grand public dans son entier se sont laissés duper par le nom du groupe et son répertoire emprunt de bienveillance alors même qu’il s’agissait en réalité d’une secte prospérant dans la prostitution. La carrière du groupe s’étend sur 3 années, une dizaine de 45 tours et 2 albums. Les compositions de Nicolas Sonn, produites par Jacques Monty et éditées par Phonogram ont rencontré un vif succès populaire. Si le titre présenté ici constitue un peu le chant du cygne du groupe, il n’en est pas moins redoutablement efficace. Le groupe musical a disparu mais la secte sévit encore aujourd’hui.
Jean Musy est sans conteste un des musiciens que j’admire le plus parce qu’il a marqué de son emprunte élégante et mélancolique les plus beaux albums de Caradec, Duteil, Peyrac et les plus belles chansons d’Il Était une Fois, pour ne citer que quelques grands noms. Sa contribution en tant qu’arrangeur et chef d’orchestre est pléthorique : Wikipédia évoque le nombre de milliers de 45 tours et 150 albums. Discret pour ses propres chansons, il a sorti 3 albums et quatre 45 tours en son nom. Le titre présenté ici date de 1974 et sa diffusion fut particulièrement confidentielle ; écoutez-le comme on s’immisce subrepticement dans l’univers poétique d’un des plus grand personnage de la chanson.
Michaëlle s’est souvent associée au tandem Lana & Paul Sebastian. Indépendamment de leurs enregistrements respectifs, ce trio est à l’origine de nombreuses chansons à succès portées par Claude François, Dalida, Sheila, Ringo, Jean-Luc Lahaye… Jean-Pierre Santiana a également connu le succès grâce à eux. Par la suite, sa carrière a évoluée puisqu’il est devenu le co-fondateur de la radio NRJ. En amont de tout cela, c’est en 1969 et sous le nom de D’amico que Jean-Pierre, alors âgé d’à peine 20 ans, enregistre son premier 45 tours. Le fait que ce titre soit signé Bernard Saint-Paul et Pierre Chiffre pique déjà la curiosité. Ajouté à cela qu’il fut enregistré à Londres et arrangé brillamment par Jimmy Horowitz (pas de lien de parenté avec le pianiste virtuose ukrainien) lui confère une sonorité toute particulière. Tout cela prouve une nouvelle fois que les grandes chansons peuvent être boudées par le public.
Après une discrète apparition dans l’opéra rock La Révolution Française, Elisabeth Vigna, auteur, compositeur et interprète, fera quelques tentatives discographiques et même un 30 cm chez Warner en 1978 duquel est extrait un 45 tours promotionnel à l’attention exclusive des radios, que les radios ont semble t’il boudé malgré la qualité de la chanson et le travail tout en subtilité de Paul Semana et Marc Lumbroso.
Delfine nous propose une chanson typiquement eurovisionesque composée par Tony Rallo. C’était en 1977 et cette année-là, on lui a préféré l’oiseau et l’enfant de Jean-Paul Cara. Et la carrière discographique de Delfine s’arrêta là.
Le trio Athénée fut populaire partout à travers la planète. Leurs chansons françaises rééditées se comptent sur les doigts de la main. Je vous présente donc ce qui semble être leur dernier enregistrement français, comme l’est le titre de Marie Roos qui, en 1977, met malheureusement un terme à sa carrière hexagonale.
Un mot sur Richard Contell qui a sorti deux 45 tours en 12 ans… C’est le premier qui nous intéresse ici d’autant que le titre est signé Paul-Jean Borowsky.
Enfin, du côté canadien, il est heureux qu’une Cloutier ne chasse pas l’autre puisque Carole et Nicole sont toutes deux présentes dans ce volume. Ces deux interprètes (dont j'ignore les liens de parenté avec Guy Cloutier, le producteur de René & Nathalie Simard) ont connu le succès au Canada mais n’ont jamais franchi l’Atlantique. Elle sont mortes toutes les deux prématurément.
Pour finir, précisons que la Formule du Baron est composée de Michèle Estoupan et de Bernard Estardy qui selon la formule de Jean-Pierre Besson, a surtout « disqué » pour les autres ! Jean-Pierre, lui, n’a pas beaucoup disqué mais son titre rend hommage à tous les artistes qui ont œuvré à cette époque heureuse où la musique n’était pas encore dématérialisée.
Marc III2018
S’il est tentant d’intellectualiser les mécanismes complexes d’une bonne chanson, c’est lui ôter aussi cette part de magie qui, justement, lui confère sa légitimité. C’est aussi la réduire à un mode systémique qui ne peut en lui-même la définir : le principe, la recette ou le système étant parfaitement dichotomique avec la fulgurance qui est l’essence même de toute bonne chanson. Aussi, mes lacunes en musicologie, en rythme, en solfège, en harmonie m’empêchent d’analyser plus avant les morceaux présentés ici mais j’ai la paresse de penser que c’est précisément mon ignorance qui préserve mon instinct et ma capacité d’appréciation. Car la chanson est épidermique, synaptique, cathartique.
Le chanteur Yvan ouvre donc ce présent volume avec une chanson qui pourrait parfaitement servir de manifeste de la chanson populaire. Si tout y est léger, tout en elle est parfaitement ciselé. Le problème avec les interprètes à prénom -ou à double prénom- c’est qu’ils sont intraçables, à fortiori lorsqu’ils n’ont, comme cela semble être le cas avec Yvan, commis qu’un seul disque.
La discographie de Janet Woollacott se compose de trois 45 tours. Elle est surtout connue en tant que danseuse et « femme de » puisqu’elle a eu 4 maris célèbres. Le dernier fut Dominique Perrier qui est à l’origine de ce 45 tours. La petite histoire retiendra qu’elle fut la première -et d’ailleurs unique femme- de Claude François à qui elle préférera Gilbert Bécaud avec qui elle aura une fille.
Plusieurs titres incantatoires figurent sur ce volume : l’énigmatique Bob’Art derrière qui s’exprime le prolixe Jean-Pierre Massiera, Liette et François, un duo qui eut une fenêtre de célébrité au Canada et Les Enfants de Dieu que je me résous enfin à intégrer à la collection. C’est ma grand-mère maternelle qui m’avait offert mon premier 45 tours de ce groupe, j’avais alors 7 ans. Sa foi chrétienne et le grand public dans son entier se sont laissés duper par le nom du groupe et son répertoire emprunt de bienveillance alors même qu’il s’agissait en réalité d’une secte prospérant dans la prostitution. La carrière du groupe s’étend sur 3 années, une dizaine de 45 tours et 2 albums. Les compositions de Nicolas Sonn, produites par Jacques Monty et éditées par Phonogram ont rencontré un vif succès populaire. Si le titre présenté ici constitue un peu le chant du cygne du groupe, il n’en est pas moins redoutablement efficace. Le groupe musical a disparu mais la secte sévit encore aujourd’hui.
Jean Musy est sans conteste un des musiciens que j’admire le plus parce qu’il a marqué de son emprunte élégante et mélancolique les plus beaux albums de Caradec, Duteil, Peyrac et les plus belles chansons d’Il Était une Fois, pour ne citer que quelques grands noms. Sa contribution en tant qu’arrangeur et chef d’orchestre est pléthorique : Wikipédia évoque le nombre de milliers de 45 tours et 150 albums. Discret pour ses propres chansons, il a sorti 3 albums et quatre 45 tours en son nom. Le titre présenté ici date de 1974 et sa diffusion fut particulièrement confidentielle ; écoutez-le comme on s’immisce subrepticement dans l’univers poétique d’un des plus grand personnage de la chanson.
Michaëlle s’est souvent associée au tandem Lana & Paul Sebastian. Indépendamment de leurs enregistrements respectifs, ce trio est à l’origine de nombreuses chansons à succès portées par Claude François, Dalida, Sheila, Ringo, Jean-Luc Lahaye… Jean-Pierre Santiana a également connu le succès grâce à eux. Par la suite, sa carrière a évoluée puisqu’il est devenu le co-fondateur de la radio NRJ. En amont de tout cela, c’est en 1969 et sous le nom de D’amico que Jean-Pierre, alors âgé d’à peine 20 ans, enregistre son premier 45 tours. Le fait que ce titre soit signé Bernard Saint-Paul et Pierre Chiffre pique déjà la curiosité. Ajouté à cela qu’il fut enregistré à Londres et arrangé brillamment par Jimmy Horowitz (pas de lien de parenté avec le pianiste virtuose ukrainien) lui confère une sonorité toute particulière. Tout cela prouve une nouvelle fois que les grandes chansons peuvent être boudées par le public.
Après une discrète apparition dans l’opéra rock La Révolution Française, Elisabeth Vigna, auteur, compositeur et interprète, fera quelques tentatives discographiques et même un 30 cm chez Warner en 1978 duquel est extrait un 45 tours promotionnel à l’attention exclusive des radios, que les radios ont semble t’il boudé malgré la qualité de la chanson et le travail tout en subtilité de Paul Semana et Marc Lumbroso.
Delfine nous propose une chanson typiquement eurovisionesque composée par Tony Rallo. C’était en 1977 et cette année-là, on lui a préféré l’oiseau et l’enfant de Jean-Paul Cara. Et la carrière discographique de Delfine s’arrêta là.
Le trio Athénée fut populaire partout à travers la planète. Leurs chansons françaises rééditées se comptent sur les doigts de la main. Je vous présente donc ce qui semble être leur dernier enregistrement français, comme l’est le titre de Marie Roos qui, en 1977, met malheureusement un terme à sa carrière hexagonale.
Un mot sur Richard Contell qui a sorti deux 45 tours en 12 ans… C’est le premier qui nous intéresse ici d’autant que le titre est signé Paul-Jean Borowsky.
Enfin, du côté canadien, il est heureux qu’une Cloutier ne chasse pas l’autre puisque Carole et Nicole sont toutes deux présentes dans ce volume. Ces deux interprètes (dont j'ignore les liens de parenté avec Guy Cloutier, le producteur de René & Nathalie Simard) ont connu le succès au Canada mais n’ont jamais franchi l’Atlantique. Elle sont mortes toutes les deux prématurément.
Pour finir, précisons que la Formule du Baron est composée de Michèle Estoupan et de Bernard Estardy qui selon la formule de Jean-Pierre Besson, a surtout « disqué » pour les autres ! Jean-Pierre, lui, n’a pas beaucoup disqué mais son titre rend hommage à tous les artistes qui ont œuvré à cette époque heureuse où la musique n’était pas encore dématérialisée.
Marc III2018
| Interprète | Auteurs compositeurs | Arrangements / direction orchestre | Label / distribution |
|---|---|---|---|
| YVAN | André Tissot | André Georget | DECCA |
| JANET | A.Pascal - Lindsey de Paul - B.Green | Dominique Perrier | Motors / Discodis |
| BOB'ART | Tony Amaraggi - Jean-Pierre Massiera | Appollo | |
| ARABELLE | Arabelle | David Springfield | Trema / RCA |
| SERFIO ENDRIGO | Guastavino - Endrigo - Alberti / E. Marnay | Fontana | |
| LILIANE SAINT PIERRE | Burt Bacharach - Hal David - Claude Lemesle | Barclay Belgique | |
| RICHARD CONTELL | P.J. Borowsky | Atlantic / WEA | |
| MARY ROOS | Pace - Ciletti - Avogardo - Cavallaro - Charles Level | Y. Ouazana | RCA |
| GÉRARD PELFA | J.G. Ruff - G. Pelfa | G. Pelfa | Somethin'Else / Philips |
| ELISABETH VIGNA | E. Vigna | Paul Scemana | Warner |
| LES ENFANTS DE DIEU | Nicolas Sonn | Jean-Louis D'onorio | EED Music / Phonogram |
| JEAN-PIERRE BESSON | Maccauley - Cook - Greenaway - Cosson | Atlantic / WEA | |
| PIERRE DRISAY | P. Drisay | Pierre Dutour | Riviera |
| JEAN MUSY | Laurence Malaton - Jean Musy | Jean Musy | Atlantic / WEA |
| NICOLE CLOUTIER | D. Valois - J. Berthiaume | Daniel Hétu | NOBEL / CBS |
| CAROLE CLOUTIER | Carole Cloutier | Léon Aronson | ABLE |
| D'AMICO | P. Chiffre - B. Saint-Paul | Jimmy Horowitz | Polydor |
| JULIE AREL | Jacques Demarny - Patrick Lemaitre | Much | |
| LA FORMULE DU BARON | B. Estardy | CBS | |
| DELFINE | Michel Jourdan - Tony Rallo | Tony Rallo | IB Records / Carrere |
| JEAN-LUC SALMON | J.L. Salmon | Jean Claudric | RCA |
| TRIO ATHÉNÉE | M. Balderson - P. Tsois - B. Fèvre | Pierre Porte | Barclay |
| JC, DON & FRANCA - LES TROUBADOURS | Claudine Daubisy - Donald Burke | Sonopresse / Pathé Marconi |